Évoqués pour la première fois en 1991 lors de la déclaration de Wingspread, les perturbateurs endocriniens sont suspectés d’exister depuis le début des années 60 aux États-Unis. Un perturbateur endocrinien est une substance chimique qui peut interférer avec le fonctionnement de votre système hormonal. Aussi appelé système endocrinien, c’est lui qui produit et régule les hormones. Et quand on sait que les hormones jouent un rôle important dans la reproduction, le développement du corps, le métabolisme et même le comportement… On comprend vite que les perturbateurs endocriniens peuvent vite porter atteinte à la santé du corps humain !
Quelles sont les sources d’exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Les perturbateurs endocriniens sont un peu partout et nécessitent une vigilance quotidienne. Les sources d'exposition aux perturbateurs endocriniens sont…
L'environnement : Eh oui, les perturbateurs endocriniens peuvent être présents dans l'air, l'eau, le sol et même les aliments. Ils proviennent des pesticides, de métaux lourds, de produits chimiques industriels ou encore de produits de consommation.
Les aliments : les perturbateurs endocriniens peuvent aussi être présents dans les produits laitiers, les poissons et les fruits de mer. Cela est dû à la contamination de l'environnement ou de leur utilisation dans la phase de production alimentaire.
Les produits d’hygiène et beauté : les perturbateurs endocriniens sont présents dans les produits d’hygiène et beauté. Ils servent à améliorer la texture, la couleur ou la conservation. Afin de s’en protéger, il faut sélectionner des marques sans perturbateur endocrinien en vérifiant la composition au dos des emballages.
La liste des perturbateurs endocriniens est très longue, voici quelques exemples à retenir :
Les phtalates, des substances chimiques utilisées comme solvants ou dans les plastiques pour les assouplir. On peut les retrouver dans les cosmétiques, la peinture, les textiles, les produits électriques, les jouets en plastique…
Les bisphénols, utilisés dans les plastiques de stockage d’aliment et de boisson.
Les parabènes, des conservateurs utilisés dans les soins et cosmétiques.
Les pesticides utilisés dans l’environnement pour tuer les insectes, les mauvaises herbes et les autres organismes nuisibles.
Les métaux lourds, tels que le mercure, le cadmium et le plomb.
Comprendre le mode d’action des perturbateurs endocrinien
Les perturbateurs endocriniens peuvent agir de différentes manières pour perturber le système hormonal.
Soit ils simulent l'action d'une hormone naturelle ou la bloque, ce qui peut entraîner une surproduction ou une sous-production d'hormones.
Soit ils modifient la façon dont les hormones sont métabolisées ou éliminées du corps.
Ces perturbations peuvent avoir des effets directs sur la santé humaine et les générations futures : les effets des perturbateurs endocriniens sont transgénérationnels ! Ils se répercutent souvent sur la génération suivant celle qui a été exposée. De plus, le moment le plus critique pour une exposition aux perturbateurs endocriniens est la vie embryonnaire, période à laquelle l’être humain est le plus vulnérable. C’est pourquoi il est très important que les femmes enceinte et leur partenaire protègent leur bébé des perturbateurs endocriniens. Il est d’ailleurs possible que les effets de perturbateurs endocriniens auxquels on a été exposé dans le ventre maternel se révèlent à l’âge adulte.
Quels sont les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine ?
Les perturbateurs endocriniens peuvent causer :
Des problèmes de reproduction comme des fausses couches, des troubles de la fertilité et même des malformations congénitales.
Des troubles du neurodéveloppement et des problèmes de croissance.
De l'obésité, du diabète et même des maladies cardiovasculaires.
De l'anxiété, de la dépression et le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH).
BON À SAVOIR :
Les perturbateurs endocriniens sont aussi mauvais pour la santé animale que pour la santé humaine.
Quelle est la stratégie nationale pour limiter les perturbateurs endocriniens ?
La France est un pays pionnier dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens. En 2019, le gouvernement a adopté une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 2), qui vise à réduire l'exposition de la population française à ces substances nocives. La SNPE 2 prévoit un renforcement de la réglementation des perturbateurs endocriniens. Parmi les mesures prévues, on peut citer :
L'interdiction de la mise sur le marché de certaines substances perturbatrices endocriniennes, notamment le bisphénol A, les phtalates et les parabènes.
La restriction d'utilisation de substances perturbatrices endocriniennes comme les pesticides et les retardateurs de flamme.
Le développement de méthodes pour remplacer ces substances chimiques
Ces mesures ambitieuses visent à protéger la santé et l'environnement des effets néfastes des perturbateurs endocriniens. La SNPE 2 prévoit également des actions de sensibilisation des professionnels et du grand public aux risques liés aux perturbateurs endocriniens telles que :
La formation des professionnels de santé et des professionnels de l'environnement aux risques liés aux perturbateurs endocriniens.
La diffusion d'informations sur les perturbateurs endocriniens auprès du grand public, notamment via des campagnes de communication.
Ces actions de sensibilisation visent à informer les Français sur les perturbateurs endocriniens et à les inciter à adopter des comportements plus protecteurs. La SNPE 2 prévoit également un investissement dans la recherche sur les perturbateurs endocriniens afin développer des solutions plus efficaces pour les réduire.
Peut-on développer un cancer à cause des perturbateurs endocriniens ?
Les perturbateurs endocriniens augmentent le risque de développer certains cancers, notamment :
Le cancer du sein
Le cancer de l'utérus
Le cancer des ovaires
Le cancer des testicules
Le cancer de la prostate
Ils peuvent également augmenter le risque de développer des cancers en augmentant certains facteurs de risque dans la population tels que le surpoids, l’obésité, la cryptorchidie et la puberté précoce.
Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a confirmé le caractère cancérigène des perturbateurs endocriniens suivants :
Le diéthylstilbestrol (DES)
Connu dans la deuxième moitié du XXème siècle en France sous le nom de Distilbène®, Furo Stilboestrol® ou Stilboestrol-Borne®, ce médicament prévenant les fausses couches et les accouchements prématurés. On sait aujourd’hui qu’il augmente le risque de cancer du sein, du vagin, de la prostate et des testicules.
Les traitements hormonaux de la ménopause (THM)
Les femmes qui prennent des THM estroprogestatifs ont un risque augmenté de cancer du sein (le risque diminue 5 ans après l’arrêt de toute prise) et de l’endomètre. Ces risques augmentent si la prise de THM est supérieure à 5 ans.
Les moyens de contraception oraux estroprogestatifs
Ils augmentent le risque de cancer du sein. Il faut faire un arrêt de sa contraception pendant dix ans pour que ces risques diminuent les dix années suivant l’arrêt de la contraception. On les soupçonne aussi d’encourager le cancer du col de l’utérus et du foie. Néanmoins, on note que les contraceptifs protègent également des risques de cancers de l’endomètre et de l’ovaire.
Les chiffres qui font réfléchir
600 cas de cancer du sein et du col de l’utérus par an à cause de la pilule.
2500 cas de cancers de l’endomètre et des ovaires grâce à la pilule.
Comment réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Voici les recommandations de Santé publique France pour limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens.
Par voie alimentaire
Privilégier le bio (aliments d'origine biologique)
Privilégier le « fait maison »
Utiliser des produits frais ou des aliments surgelés non préparés
Éviter les plats préparés et les produits transformés
Limiter sa consommation de poisson à une fois par semaine (polluants et métaux lourds), varier les espèces et limiter : anguille, barbeau, brème, carpe, silure.
Ne pas chauffer les aliments ou les mettre chauds dans des contenants en plastique.
Par voie aérienne au quotidien
Aérer son logement 10 minutes par jour.
Aérer le plus longtemps possible après des travaux ou du ménage.
Limiter ses produits d’entretien et privilégier des produits naturels (vinaigre, savon noir…).
Respecter leurs conditions d’utilisation, ne pas les mélanger.
Éviter les parfums, produits parfumés, diffuseurs, sprays, encens, bougies parfumées…
Éviter les crèmes et cosmétiques sur les femmes enceintes et leur nourrisson.
Eviter les teintures pour cheveux, henné compris.
Par voie aérienne au travail
Porter un équipement de protection individuelle (EPI) adapté.
Respecter les consignes de manipulation des produits chimiques.
Se laver les mains régulièrement.
Découvrez comment vous protéger des agents chimiques du quotidien en lisant notre article dédié
Quelles sont les réglementations et législations concernant les perturbateurs endocriniens ?
La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) interdit l'utilisation de certains perturbateurs endocriniens, notamment le DDT, l'hexachlorobenzène et le mirex au niveau international.
Le règlement REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and restriction of Chemicals) prévoit une évaluation des risques sanitaires et environnementaux des substances chimiques en Europe. Ce règlement a conduit à l'interdiction ou à la restriction de l'utilisation de plusieurs perturbateurs endocriniens, notamment le bisphénol A, les phtalates et les parabènes.
La deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 2), adoptée en 2019, prévoit de renforcer la réglementation des perturbateurs endocriniens en France.
La directive 98/8/CE sur les agents chimiques prévoit une évaluation des risques liés aux perturbateurs endocriniens pour les travailleurs. Cette directive a conduit à la mise en place de mesures de protection des travailleurs contre l'exposition aux perturbateurs endocriniens.
Voici des mesures réglementaires spécifiques visant à réduire l'exposition des populations les plus vulnérables aux perturbateurs endocriniens, notamment les femmes enceintes et les enfants :
L'interdiction du bisphénol A dans les biberons et tétines en plastique.
L’imposition de réduire les phtalates dans les jouets et cosmétiques.
Le développement de méthodes de substitution aux pesticides.
Quelles sont les études scientifiques en cours concernant les perturbateurs endocriniens ?
Les recherches sur les perturbateurs endocriniens sont en constante évolution. Les scientifiques s'efforcent de mieux comprendre les effets de ces substances chimiques sur la santé et l'environnement via :
L'identification de nouvelles substances perturbatrices endocriniennes.
La compréhension des mécanismes d'action des perturbateurs endocriniens sur le système hormonal pour développer des traitements.
L'évaluation des risques sanitaires des perturbateurs endocriniens.