Chaque année, près de 400 000 cas de cancer sont diagnostiqués chez environ 40 % de salariés en activité professionnelle. Les femmes représentent la moitié de ce chiffre, environ 190 000 d' entre elles contractent un cancer gynécologique. Faut-il conserver le lien avec l’entreprise pendant un arrêt maladie longue durée ? Comment prépare-t-on le retour au travail après un cancer du col de l' utérus, avec ou sans aménagement de poste ?
Le docteur Sylvie Laï, médecin du travail au CIAMT, fait le point sur les dispositifs existants pour un retour au travail optimal.
Ce cancer est causé par une infection persistante du col de l'utérus, par le papillomavirus humain (HPV), un virus sexuellement transmissible. Il touche la quasi-totalité des personnes sexuellement actives et sera en général asymptomatique ; c'est ainsi que les femmes s'immunisent contre ce virus.
La prévention du cancer du col de l'utérus passe par la vaccination HPV dès 11 ans et les frottis réguliers de 25 à 65 ans.
Une fois dépisté, le traitement contre ce cancer peut varier de la simple conisation du col, au traitement Laser par voie endoscopique. S'il a été dépisté tôt à, la chirurgie et les traitement radiothérapiques et chimiothérapiques en cas d'extension et métastases.
La durée et la lourdeur du traitement déterminent le temps de l'arrêt maladie.
Le premier conseil que je donne aux salariés est, dans la mesure du possible, de ne pas se couper totalement de leur entreprise.
Bien sûr, dans le cadre d'un arrêt maladie, il faut se détacher du travail pendant un certain temps pour se consacrer à son traitement. Mais il est souhaitable au bout d'un moment de renouer des relations avec ses collègues de travail.
C'est toujours difficile de discuter d'une pathologie et de la diminution de ses capacités. Mais l'environnement de travail peut être un réel soutien surtout pour un futur retour au travail.
Lors de la visite de préreprise que le salarié aura sollicité (souvent sur les recommandations de son médecin), le médecin du travail lui conseillera de reprendre son travail lorsqu’il se sentira prêt physiquement et psychologiquement.
Le CIAMT propose de nombreux accompagnements en fonction de la complexité de la situation de la personne.
Avant la reprise, il est également possible d'organiser un rendez-vous de liaison avec l'employeur pour optimiser celle-ci. Celui-ci est à l'initiative du salarié et de l'employeur et peut se faire en présence du médecin du travail et du référent handicap de l'entreprise.
Lors du rendez-vous de liaison, l'employeur et le travailleur conviennent ensemble d'une date de reprise avec un respect des recommandations faites par la médecine du travail pour une réintégration la mieux adaptée.
Depuis quelques années, on peut organiser l'essai encadré, quand celui-ci est possible.
Pendant deux semaines, le salarié, toujours en arrêt maladie, va retrouver son travail au poste qu'il a laissé dans son entreprise ou au sein d'un autre poste. Cet essai peut même se faire dans une autre entreprise.
Il permet de tester la possibilité de reprendre son travail et surtout la compatibilité de celui-ci avec son état de santé.
Enfin, le jour de sa reprise du travail, l'employeur devra demander la visite de reprise du salarié. Elle est obligatoire si l'arrêt maladie a été supérieur à 2 mois et elle conditionne la reprise du travail avec ses aménagements, dont le mi-temps thérapeutique, ainsi que la durée de ce dernier.
Par la suite, le médecin du travail le convoquera à sa demande, au rythme qu'il aura jugé nécessaire dans le cadre du meilleur accompagnement possible.
Par ailleurs, un accompagnement administratif pour une demande de reconnaissance de reconnaissance travailleur handicapé, la RQTH peut être réalisé par le service social du CIAMT et permettre ainsi au salarié et à son employeur des dégagements de fonds AGEFIPH, via CAP Emploi.
Cela permet de financer des agencements du poste de travail, des formations et un accompagnement en cas d'éventuel reclassement professionnel.
Enfin pour prévenir la désinsertion professionnelle, il existe au sein du CIAMT une Cellule Maintien en Emploi pluridisciplinaire. Au CIAMT, notre priorité est d'accompagner chaque salarié pour préserver au maximum son emploi.
Notre équipe pluridisciplinaire recherche des solutions personnalisées en accord avec les besoins du salarié et les attentes de l'employeur dans le cadre de leurs obligations légales.
L’idée est d'aboutir, de la manière la plus fluide possible, à une résolution de la situation.
Cela se matérialise par un aménagement de poste, un reclassement sur un autre poste de l'entreprise, l'accompagnement à la formation qualifiante et même à la création d'entreprise…