Qui décide de la reprise du travail après un cancer, et comment ?

3 mars 2025

Aujourd’hui, de plus en plus de cancers se soignent bien et même guérissent. Cela permet aux patients de retourner au travail quand les traitements ont pris fin ou stabilisé la maladie. Mais après une telle épreuve, peut-on retravailler « comme avant » ? Qui décide de la reprise du travail après un cancer ? Comment ça se passe ? Faisons le point.

Cancer et travail :  avant la reprise, une préparation essentielle

En France, la plupart des actifs atteints d’un cancer s’arrêtent pendant leurs traitements, en moyenne 10 mois. La question du retour au travail après le cancer peut ensuite se poser et elle n’est pas toujours simple ! 

Certaines personnes ont hâte de reprendre leur activité professionnelle, d’autres ont encore besoin de temps pour elles. Beaucoup se demandent si leur santé leur permettra de retravailler ou si elles pourront retourner au même poste. 

Ces interrogations sont à la fois d’ordre personnel, médical et professionnel. C’est pour cela qu’une bonne préparation, anticipée pendant l’arrêt de travail, se révèle cruciale. Si normalement, c’est le salarié qui décide de la reprise du travail après un cancer, la décision devra inclure le médecin traitant (ou oncologue), le médecin du travail et l’employeur.

Chacun pourra intervenir, à son niveau, pour aider le salarié à y voir plus clair dans ses possibilités et trouver une solution adaptée.

Anticipation et accompagnement du retour au travail après le cancer : les interlocuteurs du salarié

Le médecin traitant ou l’oncologue évalue médicalement l’état de santé de la personne qui se remet d’un cancer. Il connaît la maladie de son patient, les traitements qu’il a eus et leur éventuel impact sur les capacités du patient. 

Par expérience, il sait qu’une fatigabilité, des douleurs ou des troubles de la concentration (appelés « brouillard mental ») peuvent persister en post-cancer. 

Le médecin peut donc conseiller son patient sur le moment le plus adapté pour le retour au travail après le cancer. Si besoin, il peut lui prescrire une convalescence ou un temps partiel thérapeutique pour une reprise de l’activité professionnelle « en douceur »

Le médecin du travail, quant à lui, fait le lien entre la personne qui va retourner au travail après le cancer, son emploi et son employeur. Il assure notamment la visite de pré-reprise, une consultation non obligatoire mais recommandée qui a lieu pendant l’arrêt de travail et qui vise à préparer la reprise du salarié dans les meilleures conditions. Cette visite peut être demandée par le salarié, le médecin traitant ou le médecin conseil de l’organisme de protection sociale.

À cette occasion, le médecin du travail fait le point avec le salarié sur son état de santé et ses motivations. Si besoin, il peut préconiser une diminution de la charge de travail, une adaptation ergonomique du poste de travail, une réorganisation des horaires, etc. 

Si le salarié est d’accord, le médecin du travail peut contacter l’employeur pour réfléchir avec lui sur les possibilités d’aménagement pour faciliter le retour au travail après le cancer. Il peut aussi recommander un reclassement sur un autre poste, voire une réorientation professionnelle. Enfin, le médecin du travail peut proposer au salarié un suivi avec des consultations régulières pour l’accompagner après sa reprise.

Le médecin du travail assure également la visite obligatoire de reprise, qui a lieu le jour où le salarié retourne travailler (ou sous 8 jours). Il vérifie que le poste de travail est adapté à l’état de santé du salarié et que les préconisations discutées suite à la visite de pré-reprise ont été mises en place par l’employeur.

Le médecin du travail peut émettre un avis d’inaptitude si aucune mesure d’aménagement du poste n’est possible.

Décision et délai de reprise du travail après un cancer : un processus encadré

Quatre principaux dispositifs facilitent le retour à l’emploi durable du salarié : 

  • L’essai encadré : Mis en place à la demande du salarié, du médecin du travail, ou encore du médecin conseil, il permet au salarié de « tester » sa capacité de travail à son ancien poste (ou à un nouveau) pendant son arrêt. L’essai encadré peut durer 14 jours ouvrables, continus ou fractionnés, et est renouvelable une fois.
  • Le temps partiel thérapeutique : Le médecin traitant prescripteur détermine sa durée (jusqu’à 1 an, généralement). Il peut s’agir d’un 50% (mi-temps), mais aussi d’un 20%, 80 % de temps... La part des horaires travaillés peut être réajustée après la reprise de l’activité professionnelle, pour lever le pied ou pour aller vers le temps plein. Le temps partiel thérapeutique doit être validé par le médecin du travail avec un certificat d’aptitude, obtenir l’accord du médecin conseil et celui de l’employeur. 

  • La CRPE (Convention de Rééducation Professionnelle en Entreprise) : Ce dispositif permet au salarié de se réadapter progressivement à son ancien métier ou d'en apprendre un nouveau compatible avec son état de santé, tout en étant rémunéré. D'une durée initiale de 3 mois, elle peut être renouvelée jusqu'à 18 mois au total, selon les besoins du salarié et sous certaines conditions.
  • Le reclassement : En cas d’inaptitude du salarié, l’employeur a un mois pour le reclasser sur un autre poste aussi proche que possible que l’ancien et d’un niveau de rémunération similaire. En cas d’impossibilité ou de refus de l’employeur, un licenciement avec indemnités peut être envisagé.
  • La RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) permet au salarié de bénéficier d'aménagements (horaires, matériel adapté pour le poste de travail…), mais aussi des obligations des entreprises de plus de 20 salariés en termes d’emploi des travailleurs handicapés. Le médecin traitant ou l’oncologue fournit le certificat pour le dossier de demande de RQTH du salarié auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Le médecin du travail peut accompagner le salarié dans sa démarche : il dispose de formulaires pouvant accélérer la procédure. 

La reprise du travail après un cancer nécessite un accompagnement adapté, et le CIAMT accompagne les salariés avec son équipe pluridisciplinaire pour faciliter leur maintien en emploi.