Risques auditifs au travail : comment se protéger ?

26 mars 2025

Saviez-vous que 50 % des actifs étaient gênés ou stressés par le bruit au travail ? Alors que le bruit est reconnu comme une nuisance majeure en milieu professionnel, 3 millions de salariés sont exposés à ses risques. Pour leurs capacités auditives bien sûr : 700 à 1 000 surdités d’origine professionnelle sont recensées par an. Mais aussi plus largement, pour leur bien-être et leur santé. Préservez votre santé auditive au travail : invoquez votre droit au silence ou du moins, à la protection de votre ouïe !

Comment le bruit au travail affecte la santé ?

Selon son intensité et sa durée, l’exposition au bruit au travail peut entraîner :

  • de la fatigue auditive, qui correspond à une baisse temporaire des capacités auditives ; 
  • des troubles auditifs : acouphènes, hypersensibilité au bruit ;
  • une baisse ou une perte d’audition irréversible (surdité). 

L’exposition au bruit ne casse pas seulement les oreilles, elle tape aussi sur le système !

Même modéré, le bruit au travail peut être source de stress, de fatigue, d’irritabilité et de baisse de concentration, ce qui augmente les risques d’accident.

Il favorise également les troubles du sommeil et l’hypertension.

Risques auditifs : de nombreux secteurs concernés

Les secteurs d’activité qui exposent aux risques auditifs sont nombreux. Les plus connus pour leur « tapage » sont industriels : carrières, forges, fonderies et chaudronneries, menuiserie, assemblage automobile, BTP… Mais la logistique, le commerce, la restauration et même le travail de bureau, en particulier en « open space », ne sont pas épargnés.

En effet, les sonneries et conversations téléphoniques, les imprimantes ou climatiseurs, les claquements de porte, les allers et venues de personnes ainsi que le trafic routier à l’extérieur des locaux sont aussi sources de gêne auditive.

Perte d’audition : détectez les signaux d’alarme

Travailler chaque jour dans un environnement trop bruyant peut entraîner une perte d’audition très progressive.

Résultat : vous ne vous rendez pas forcément compte des effets délétères du bruit sur votre ouïe, avant que celle-ci soit définitivement altérée. Il est donc crucial de repérer au plus tôt vos risques auditifs au travail.

Certains signes d’exposition au bruit excessive peuvent vous mettre la puce à l’oreille. Par exemple, vous devez élever la voix pour parler à vos collègues proches de vous. Vos oreilles bourdonnent ou sifflent en fin de journée et vous mettez le volume de la télévision plus fort. Ou encore, vous commencez à avoir du mal à suivre les conversations dans un lieu animé.

Vos droits en matière de protection auditive au travail

Les risques auditifs liés à l’exposition au bruit sont des risques professionnels que tout employeur doit prévenir selon les principes du Code du travail. Vous avez également droit à un accompagnement en cas d’exposition au bruit et de dommages auditifs.

Les obligations de votre employeur pour la prévention des risques auditifs

L’employeur doit évaluer les risques liés au bruit en mesurant si besoin le niveau sonore auquel les travailleurs sont exposés, intégrer les résultats dans le DUERP et les communiquer au médecin du travail.

Il doit engager une démarche de réduction de l’exposition au bruit pour la prévention des risques auditifs dès que les salariés subissent :

  • une « dose de bruit » dépassant 80 décibels (dB) en moyenne sur 8 heures ;
  • des bruits très puissants même brefs de 135 dB : forage à l’explosif, tirs, larsen, avion au décollage, essai de réacteur…

Pour l’employeur, la prévention des risques auditifs liés au bruit passe notamment par :

  • le choix d’outils, équipements et méthodes de travail les moins bruyants possibles ; 
  • la limitation de la propagation du bruit : isolation, capotage des machines… ; 
  • la limitation des durées d’exposition au bruit des salariés, l’organisation de périodes de « repos auditif » ;
  • la mise à la disposition d’équipements de protection auditive adaptés (casque antibruit, bouchons d’oreille…) et une information sur leur utilisation. 

Il est interdit d’exposer les salariés à des niveaux sonores atteignant 87 dB (sur 8 heures) ou 140 dB (sur toute durée), en comptant les équipements de protection auditive. 

Exposition au bruit : demandez une évaluation de vos risques auditifs 

Si le bruit de votre environnement de travail vous gêne, parlez-en à votre employeur ou représentant du personnel. 

Vous pouvez également vous adresser à un médecin ou un infirmier du service de santé au travail qui pourrait étudier votre poste et proposer des aménagements. Si votre audition semble affectée par une exposition au bruit excessive, sollicitez le médecin du travail. 

Vous pouvez avoir droit à un examen audiométrique qui permettra de diagnostiquer au plus tôt une perte d’audition due au bruit et de préserver vos capacités auditives.  

 À quoi ai-je droit en cas d’exposition au bruit et de perte d’audition ?

Si votre examen audiométrique révèle une atteinte auditive du fait de votre travail, votre employeur doit revoir ses mesures de réduction des risques liés au bruit. Il doit tenir compte de l’avis du médecin du travail et si besoin, vous affecter à un poste non risqué. 

Notez que l’exposition au bruit associée à certaines activités, en particulier en milieu industriel, peut être reconnue comme cause professionnelle de surdité (tableau 42 des maladies professionnelles). 

Adressez votre demande de reconnaissance à votre organisme de protection sociale (Assurance Maladie ou MSA).

Enfin, le bruit est considéré comme un facteur de pénibilité par le Code du travail. Si votre exposition au bruit dépasse certains seuils, votre employeur doit le déclarer chaque année.

Vous acquérez des points ouvrant droit à des compensations : financement de formation, réduction du temps de travail, acquisitions de trimestres de retraite…

Agir au quotidien pour prévenir les risques auditifs

  • Suivez les formations et ateliers de sensibilisation proposées par votre entreprise sur la prévention des risques auditifs.
  • Portez le casque antibruit ou les bouchons d’oreille fournis par votre employeur durant toute la durée d’exposition au bruit : c’est obligatoire dès 85 dB sur 8 heures et 137 dB. Ne faites pas la sourde oreille face aux consignes ! 
  • Si le bruit de votre lieu de travail ne nécessite pas la mise à disposition règlementaire de protections auditives mais qu’il vous gêne malgré tout, vous pouvez les utiliser si elles sont compatibles avec vos tâches.  
  • Faites si possible des pauses régulières dans un lieu calme et espacez vos réunions téléphoniques. 
  • Si vous utilisez un casque audio pour votre travail, optez pour un casque avec réduction de bruit. 

Ressources et accompagnement pour la prévention des risques auditifs

Pour réduire vos risques auditifs au travail, lisez notre article sur la protection auditive. Retrouvez également en vidéo l’essentiel à savoir pour prévenir, détecter et traiter les problèmes d’audition avec le Dr Vihn Ngo, directeur général du CIAMT.

Si vous êtes confronté(e) à une déficience auditive, découvrez notre article sur ses causes, ses conséquences et ses solutions, le webinaire du CIAMT sur la déficience auditive et le dispositif AVA qui permet d'accueillir au CIAMT les patients sourds et malentendants dans les meilleures conditions. 

Le CIAMT assure le suivi de la santé des salariés des entreprises adhérentes afin de détecter les signes précoces de problèmes de santé professionnels. 

En cas de difficultés liées à une maladie ou un handicap, il propose également un dispositif de maintien en emploi dédié à la prévention de la désinsertion professionnelle