13 novembre 2024
Avec environ 60 000 cas de cancers du sein recensés par an, ce cancer féminin enregistre un taux de survie à 5 ans de 87 % et une mortalité qui diminue d’année en année. Il n’empêche : 20 % des femmes touchées par un cancer du sein n’ont pas repris leur activité professionnelle deux ans après leur diagnostic. Si la reprise du travail après un cancer du sein est une décision très personnelle, l’entreprise peut malgré tout contribuer à installer un environnement de travail serein et un climat de confiance autour de la salariée. Quelles sont les initiatives pour une inclusion durable ? Comment concilier les besoins de l’employeur et les nouvelles capacités de la salariée ?
L’étude sortie par CANTO constitue une mine d’or d’informations pour documenter le cancer du sein. CANTO (CANcer TOxicities) est une cohorte prospective dédiée aux questions de recherche relatives à la survie après un cancer localisé.
La cohorte sein a suivi et observé plus de 12 000 patientes entre 2012 et 2018. Concernant le retour à l’emploi, l’étude révèle que les personnes ayant connu au moins un aménagement de leur poste ou de leur temps de travail sont le plus souvent encore en emploi cinq ans après le diagnostic que les salariées n’ayant reçu aucun aménagement (88,9 % contre 69,6 %).
Par ailleurs, l’étude indique que les femmes traitées avec un cancer du sein exerçant un travail manuel ont un risque de sortir du monde l’emploi beaucoup plus important.
Et il y aurait encore des quantités de chiffres à sortir pour nous éclairer sur la complexité du retour à la vie d’avant lorsqu’une femme est atteinte d’un cancer du sein (leur situation professionnelle est plus ou moins corrélée à leur situation familiale : les femmes célibataires avec ou sans enfants reprennent plus rapidement le travail, par exemple) mais cette étude met en exergue la complexité et la singularité des situations que provoque la maladie.
Ne ternissons pas plus le tableau parce qu’il existe aussi des données positives sur le cancer du sein et le travail.
75 % des femmes sont de retour au travail entre un an et quinze mois après le diagnostic et 80 % d’entre elles sont toujours en poste 5 ans après le diagnostic.
S’il est évident que le retour à l’emploi est un impératif pour la plupart des femmes, on ne peut pas retirer la dimension existentielle du travail qui propose un panel de responsabilités et de missions à accomplir, en plus d’être un vecteur de liens sociaux.
Mais comment aborder le sujet de la maladie surtout lorsqu’elle nous concerne ? Dès que l’employée est suffisamment à l’aise pour le faire, il est souhaitable d’avoir une conversation avec son employeur, son manager direct ou le service des Ressources Humaines.
À noter cependant qu’il n’existe aucune obligation légale à annoncer sa maladie mais les avantages à le faire sont nombreux et notamment celui de discuter des adaptations nécessaires sans crainte de discrimination.
Lorsque vos collègues et employeurs connaissent votre situation, ils peuvent plus naturellement vous soutenir dans vos missions professionnelles. Le dialogue permet une meilleure gestion du stress et une plus grande adaptabilité dans l'exécution de ses missions.
Parler de sa situation est aussi une façon de se protéger contre les potentielles discriminations.
À ce propos, un employeur a interdiction de licencier un employé pour des raisons de santé, tout comme si la maladie se déclare pendant la période d’essai, elle est repoussée pendant la durée de l’arrêt maladie.
En cas de licenciement, l’entreprise devra le justifier par un motif autre (faute ou licenciement économique).
Il existe aussi différents types de congés maladies adaptés au cancer : le congé de longue maladie (CLM), toujours attribué d’une durée maximale de trois ans et le congé de longue durée (CLD) qui dure cinq ans au maximum.
Une combinaison de ces deux congés est possible afin de garantir une rémunération pendant 5 ans maximum : un plein traitement pendant trois ans, et deux années à demi-traitement.
À savoir : la première année de congé longue maladie est forcément intégrée dans le décompte des 3 ans à plein traitement du Congé Longue Durée.
Pour éviter la désinsertion professionnelle, il est préférable de mettre la médecine du travail dans la boucle d’information afin de discuter des aménagements de poste de travail possibles, de la reprise en douceur avec un mi-temps thérapeutique ou d’obtenir une reconnaissance en qualité de travailleur handicapé (RQTH).