L'usure professionnelle est un enjeu de plus en plus présent dans le monde du travail. Qui est concerné par l’usure professionnelle ? Comment impacte-elle les salariés et les entreprises ? Quels sont les dispositifs pour ralentir cette altération de la santé physique ou psychique ?
Lorsque l’on aborde le principe de l’usure professionnelle, d’autres thématiques viennent se bousculer comme l’épuisement professionnel, le stress chronique, les troubles musculo-squelettiques, le vieillissement prématuré au travail etc.
Bien que ces concepts soient proches voire liés, l’usure professionnelle se caractérise par son caractère progressif provenant de plusieurs facteurs avec des effets à long terme sur la santé physique, psychique et cognitive du travailleur. Elle résulte d’une exposition prolongée à des contraintes de travail (port de charges lourdes, pression temporelle, injonctions contradictoires…) et concerne toutes les tranches d’âge et toutes les catégories professionnelles.
L’usure professionnelle est le résultat de différentes carences collectives et individuelles. Les conditions physiques de travail (horaires de nuit, postures contraignantes), les facteurs organisationnels (épuisement professionnel, surcharge de travail, objectifs inatteignables…), les risques psychosociaux (manque de soutien, de reconnaissance et de sens au travail) ou encore l’obsolescence des compétences. L’absence de perspective d’évolution et l’âge et l’ancienneté au poste sont autant d’exemples qui contribuent à l’usure professionnelle.
Ce processus entraîne des conséquences pour le salarié comme pour l’entreprise. Du côté des employés, ce phénomène conduit à une perte de motivation, une baisse des compétences et à une détérioration de l’état de santé pouvant aller jusqu’à l’inaptitude et à la désinsertion professionnelle.
Pour les entreprises, l’usure professionnelle est synonyme d’une augmentation du taux d’absentéisme, de désorganisation du service et sur le long terme d’une perte de savoir-faire et de performance. Ces déséquilibres favorisent la détérioration du climat social alors qu’une attention particulière à l’amélioration de la qualité de vie au travail participe au bien-être des salariés.
La 14 édition du Baromètre santé et qualité de vie au travail Malakoff Médéric Humanis révèle que les salariés sont de plus en plus satisfaits de leur travail et de leur qualité de vie au travail.
De plus, la grande majorité des salariés (65 %) déclare être en bonne ou très bonne santé. Même si ce dernier chiffre est toujours élevé, il baisse cependant régulièrement. Une autre étude menée par Qualisocial et Ipsos en 2024 met en avant le fait que 61 % des entreprises ayant instauré des politiques de QVT constatent un effet positif sur la santé mentale de leurs salariés.
Pour rappel, la qualité de vie au travail se mesure à travers des changements qui ont un impact durable et positif sur le salarié. En prévention de l’épuisement professionnel, vous pouvez :
Ce sont des actions vertueuses pour se prémunir de l’usure professionnelle.
Elles sont vertueuses parce que ce sont des mesures évaluables grâce à des enquêtes de satisfaction auprès des salariés, des bilans de santé au travail et des indicateurs de performance. Il est évident que ces mesures ont un coût opérationnel, notamment pour les petites structures, mais des nouvelles mesures provenant de l’Etat visant à prévenir l’usure professionnelle voient le jour.
L’usure professionnelle est l’un des piliers du 4e plan santé au travail 2021 - 2025 mis en place par les pouvoirs publics. Un dispositif phare a été créé dans le cadre de la réforme des retraites : il s’agit du FIPU (Fonds d’Investissement pour la Prévention de l’Usure Professionnelle). Il vise notamment à préserver la santé des salariés les plus exposés à des facteurs de risques ergonomiques.
Le fonds, géré par l’Assurance Maladie, est doté d’un milliard d’euros sur 5 ans pour financer des démarches de prévention sur les effets de l’exposition aux risques dans les entreprises, des actions menées par les organismes de prévention de branche et des actions de reconversion professionnelle à destination des salariés exposés au port de charges lourdes, aux postures pénibles et aux vibrations mécaniques. Si le FIPU est un nouvel outil important pour aider les entreprises, y compris celles du tertiaire, à améliorer les conditions de travail, il existe aussi le Compte Professionnel de Prévention (C2P).
Anciennement Compte Personnel de la Prévention de la Pénibilité, il s’adresse plus spécifiquement aux salariés exposés à des facteurs de risques professionnels spécifiques (le bruit, le travail de nuit…). Ce compte leur permet de cumuler des points tout au long de leur carrière (1 point = 500 € depuis le 1er septembre 2023 contre 375 € auparavant).
Cette accumulation de points va leur permettre de financer des formations ou des reconversions professionnelles, de bénéficier d’une réduction du temps de travail tout en conservant son salaire ou une anticipation de son départ à la retraite dans la limite de 8 trimestres.
Par ailleurs, un observatoire national de l’usure professionnelle devrait être créé dans le courant de l’année pour collecter et analyser les données relatives à cette thématique, promouvoir des bonnes pratiques en matière de prévention et établir des recommandations pour lutter contre l’usure professionnelle auprès des entreprises.